En France métropolitaine, l’épidémie saisonnière de grippe survient chaque année, généralement entre novembre et avril. Cette année et pour la deuxième fois consécutive, la grippe saisonnière et le virus Sars-Cov-2 (Covid-19) circuleront en même temps. Une vigilance accrue des autorités de santé a été mise en place.
La grippe saisonnière : quels enjeux en France ?
La grippe est due à une infection par le virus de l’influenza, existant sous trois types : A, B ou C. Les virus de types A et B sont responsables des épidémies saisonnières, alors que les virus de type C provoquent une maladie généralement bénigne.
Les épidémies de grippe surviennent dans les régions tempérées de l’hémisphère nord entre novembre et avril (entre avril et octobre dans l’hémisphère sud). Même si les épidémies de grippe surviennent chaque année, elles sont plutôt imprévisibles : il est difficile de prévoir quand elles vont démarrer, quelles souches vont circuler, quelle sera leur intensité et leur sévérité, et combien de temps elles vont durer. C’est pour cela qu’une surveillance annuelle et permanente est en place depuis 1984 en France, coordonnée par Santé Publique France.
Grâce à cette surveillance constante depuis plus de trente ans, pour le cas de la France, un certain nombre de données ont été collectées :
- On estime que l’épidémie saisonnière de grippe dure en moyenne entre 10 et 11 semaines. Elle débute le plus souvent autour fin décembre – début janvier. [1]
- La grippe touche annuellement entre 2 et 6 millions de personnes [2]
- La mortalité annuelle attribuée à la grippe se situe entre 10 000 et 15 000 décès, plus de 90% survenant chez les personnes âgées de 65 ans et plus. [3]
- La couverture vaccinale oscille entre 45 et 48% depuis 2016, en diminution depuis 2009 [4]
Il y a donc un enjeu de santé publique important, d’autant plus que la grippe souffre parfois d’une réputation de maladie bénigne.
Co-circulation du covid-19 et de la grippe saisonnière
L’apparition du SARS-Cov2 virus provoquant la maladie covid-19 en France début 2020, et sa diffusion exponentielle à partir de mars a chamboulé la surveillance habituelle de la grippe saisonnière.
En 2020, l’épidémie de grippe a commencé la troisième semaine de janvier. Il n’est pas aisé d’identifier avec certitude la date de fin de l’épidémie pour la saison 2019-2020 car la surveillance des indicateurs de l’épidémie de grippe a été remplacée, à partir de mi mars, par une surveillance spécifique au covid-19 avant la fin de la période de surveillance habituelle (autour de mi-avril). L’interprétation des données de surveillance disponibles permet toutefois de supposer que l’épidémie de grippe 2019-2020 s’est terminée semaine du 23 mars [5].
La Covid-19, apparu à Wuhan dans la province de Hubei en Chine en novembre 2019, est une maladie infectieuse due à un virus type coronavirus appelé SARS-CoV-2. D’abord qualifié d’épidémie, le Covid-19 est classé officiellement comme une pandémie mondiale le 11 mars 2020 par l’Organisation Mondiale de la Santé, au vu de sa dispersion rapide sur toute la surface du globe.
La première période de confinement en France, entre mars et mai 2020, permet de réduire la circulation du virus et de désengorger progressivement le système hospitalier rapidement submergé par la multiplication des cas graves nécessitant une prise en charge en soins intensifs. Une deuxième période de confinement est mise en place en novembre 2020 après une reprise à la hausse des cas infectés admis en réanimation.
La surveillance de la grippe saisonnière 2020-2021 a repris début octobre 2020.
Grippe et covid-19 : des symptômes similaires
La co-circulation de la grippe et du Covid-19, lors de la première vague de ce dernier en février-mars 2020, n’a pas rendu aisée la prise en charge des malades infectés par l’un ou l’autre des virus, d’autant plus que leurs symptômes peuvent se ressembler.
La grippe se manifeste par l’apparition brutale de fièvre, de douleurs musculaires, de maux de tête, d’une sensation intense de fatigue, de signes respiratoires (toux sèche, gorge irritée, rhinite). (Lien interne possible vers l’article « symptômes de la grippe »).
Lors d’une infection par le virus du Covid-19, le patient pourra manifester un ou plusieurs des symptômes de cette liste (non-exhaustive) :
- une fièvre ou sensation de fièvre,
- des signes respiratoires, comme une toux, un essoufflement ou une sensation d’oppression dans la poitrine,
- des maux de tête, courbatures, une fatigue inhabituelle ;
- une perte brutale de l’odorat (sans obstruction nasale), une disparition totale du goût, ou une diarrhée ;
- pour une personne âgée, l’entourage peut constater une altération brutale de l’état général, l’apparition ou l’aggravation des capacités mentales, un état de confusion, des chutes répétées, une aggravation rapide d’une maladie déjà connue ;
- dans les formes plus graves : difficultés respiratoires pouvant mener jusqu’à une hospitalisation en réanimation voire au décès. [6]
Par ailleurs, tout porte à croire que des personnes ne présentant aucun symptôme visible puisse néanmoins être porteurs et transmetteurs du virus du Covid-19.
Comme vous le voyez ci-dessus, les symptômes de la grippe et du COVID-19 sont très similaires : il est donc important de se faire tester dès les 1ers signes.
Grippe, covid-19 ou autre infection respiratoire ? L’importance des tests pour une prise en charge adaptée
La similarité des symptômes entre les différentes infections respiratoires (grippe, syndrome grippal, Covid-19) peut créer une incertitude quant au diagnostic, et par extension, être un obstacle à une prise en charge adéquate. Cela peut être particulièrement impactant dans le cas de formes graves de la maladie, et pour les patients à risque.
La Haute Autorité de Santé (HAS) recommande aux professionnels de santé la pratique des tests permettant de poser un diagnostic clair. Elle recommande de rechercher un ou plusieurs virus des infections respiratoires hivernales (dont la grippe) en association avec une recherche du SARS-CoV-2 (Covid-19) chez les patients présentant des symptômes et pour qui le résultat sera utile pour déterminer la nature de la prise en charge et/ou une mise en isolement. Les catégories de personnes concernées sont les adultes hospitalisés ou admis aux urgences, les résidents en EHPAD et les jeunes enfants. Pour les autres personnes, seul un test Covid est préconisé.
Plusieurs tests unitaires peuvent être effectués simultanément ou bien un test dit « multiplex » (test qui permet de détecter plusieurs agents infectieux à partir d’un prélèvement unique) peut être réalisé par les professionnels de santé pour poser un diagnostic. Pour l’un ou l’autre, la méthode habituellement utilisée est celle du test de type PCR (écouvillon naso pharyngée).
Gestes barrières, distanciation et confinement : vers une saison de grippe moins virulente ?
Les virus de la grippe et du Covid-19 ont des modes de transmission similaires. Ces virus sont dits aéroportés : la transmission peut être occasionnée lorsque de petites particules liquides sont expulsées par la bouche ou par le nez quand une personne infectée tousse, éternue, parle, chante ou respire profondément. Si ces particules – appelées aussi aérosols – se déposent sur des surfaces ou des objets, elles peuvent également contaminer d’autres personnes (contamination manuportées).
Les autorités de santé françaises et mondiales ont largement diffusé les pratiques à respecter pour réduire la propagation du Covid-19 : la population est devenue familière de l’usage des masques faciaux et des gels hydro-alcooliques, du lavage fréquent des mains et de la distanciation sociale. Le rapport hebdomadaire du 19 novembre 2020 sur le Covid-19 [7], produit par Santé Publique France, atteste que 85,2% des répondants à l’enquête CoviPrev en France métropolitaine affirment respecter le port du masque.
Avec l’acceptation à grande échelle de la nécessité de pratiquer ces « gestes barrières » pour freiner la diffusion du Covid-19, ainsi que le confinement de la population, on peut imaginer une propagation plus faible du virus de la grippe pour cette saison 2020-2021. En effet, les données de certains pays de l’hémisphère sud, tels que l’Australie, tendent à confirmer une moindre diffusion des virus de la grippe durant l’hiver austral (juin à octobre 2020)[8].
Si de telles nouvelles sont encourageantes, elles sont à prendre avec beaucoup de précautions.
La vaccination contre la grippe : un effort à poursuivre
La pandémie de coronavirus ne doit pas faire oublier les autres virus respiratoires en circulation. S’il est attendu que les mesures de santé publique mises en place pour réduire la propagation du Covid-19 bénéficient indirectement au ralentissement de la diffusion de la grippe saisonnière, la protection des personnes les plus fragiles reste un enjeu majeur. De la même façon, continuer l’effort de vaccination de la population contre la grippe contribue à réduire le nombre de cas graves susceptibles de nécessiter une hospitalisation, dans une période où le système hospitalier est déjà fortement éprouvé.
Se faire vacciner contre la grippe saisonnière en période de Covid-19 c’est :
- Eviter un risque de double infection ou de surinfection ;
- Protéger les personnes à risque contre au moins l’un des deux virus respiratoires majeurs de cet hiver 2020-2021 ;
- Désengorger les soins intensifs hospitaliers en limitant le nombre de patients gravement atteints de la grippe.
Vaccination et dépistage COVID en entreprise
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[1] et [2] Santé Publique France : Dossier : la grippe, une épidémie saisonnière
[3] Institut Pasteur : Page : grippe
[4] Santé Publique France : Données de couverture vaccinale grippe par groupe d’âge
[5] Santé Publique France : Grippe : bilan de surveillance de la saison 2019-2020
[6] Ameli.fr : Reconnaître la Covid-19 et ses symptômes, adopter les bons gestes
[7] Santé Publique France : Covid-19 : Point épidémiologique hebdomadaire du 19 novembre 2020
[8] Australian Governement – Departement of Health : Australian Influenza surveillance report, 19 October to 01 November 2020.