Connaissez-vous ces héroïnes de l’ombre ? La place des sages-femmes libérales n’a pas arrêté de prendre de l’importance au fil des ans. Elles jouent aujourd’hui un rôle majeur dans la santé publique des femmes et des nouveau-nés, et notamment dans la crise du Covid-19. Santé Publique France mentionne, dans son dernier point épidémiologique, un regain du SARS-CoV-2. Le nombre d’hospitalisation en soins critiques est en hausse, ainsi que le taux d’incidence. L’annonce de l’abandon du masque a entraîné un certain relâchement dans les gestes barrières. Sages-femmes à domicile : quel rôle face au Covid-19 ?
Sages-femmes et Covid-19, des combattantes de première ligne
Le droit de vacciner
Les sages-femmes sont impliquées dans la politique de santé nationale depuis le début de la lutte contre le coronavirus. Elles sont autorisées à prescrire et à administrer le vaccin contre le Covid-19 depuis la parution du décret n°2021-506 du 27 avril 2021. Les seules exceptions concernent les personnes ayant des antécédents de réaction anaphylactique à un des composants de ces vaccins ou ayant présenté une réaction anaphylactique lors de la première injection.
Les sages-femmes libérales peuvent réaliser l’injection à leur patientèle et aux nouvelles personnes souhaitant être immunisées contre le virus et ne présentant pas ces antécédents. La vaccination peut se faire dans un centre de vaccination mais également dans le cadre d’une consultation à domicile.
Les sages-femmes à domicile, comme celles exerçant en cabinet, doivent s’assurer de la traçabilité de chaque injection. Pour cela, elles utilisent le téléservice VaccinCOVID. Elles sont aujourd’hui autorisées à délivrer des prescriptions pour obtenir le sérum à injecter en pharmacie.
Un arrêté a précisé les modalités de rémunération des sages-femmes intervenant pendant les campagnes de vaccination. Des majorations sont prévues en cas de consultations les samedis après-midis, les dimanches et jours fériés. Un tarif spécifique (cotation) existe lorsque la vaccination se fait au domicile des individus.
La sensibilisation des femmes
Les sages-femmes ont un contact privilégié avec les femmes, les mères et les nouveau-nés. En effet, elles suivent non seulement les grossesses et les accouchements mais le suivi des femmes tout au long de leur vie, depuis les premières règles jusqu’à la ménopause.
La sage-femme peut intervenir à domicile de ses patients. Cela limite les risques de déplacements et donc de propagation du virus. Elle peut donc pratiquer ses actes de soins au domicile des patientes. Elle respecte ainsi les mesures d’hygiène liées au COVID, afin de maintenir un suivi constant des patientes et des nouveaux nés.
Par ailleurs, les sages-femmes ont été sollicitées pour vacciner contre le COVID 19 les femmes enceintes dès le début de la grossesse.
Les compétences étendues des sages-femmes à domicile face à la crise sanitaire
La possibilité de réaliser des tests antigéniques
Un arrêté du 3 décembre 2020 autorise les sages-femmes à réaliser des tests antigéniques de dépistage du SARS-CoV-2. Cette extension des compétences des sages-femmes a pour finalité de stopper la propagation du virus en cassant les chaînes de contamination. Les sages femmes sont en contact avec les patientes de tous âges. Elles voient des femmes enceintes, les jeunes mères et leurs familles, les femmes ménopausées.
Les sages-femmes à domicile créent un lien entre la sphère privée et publique. Cette évolution permet à des femmes parfois isolées par la grossesse ou la maternité de demander un test facilement au cours d’une visite de contrôle. Ce peut être aussi pendant une séance de préparation à l’accouchement ou de rééducation périnéale.
Les personnes parfois éprouvées par leur situation ou leur vie de famille évitent ainsi les longues files d’attente fatigantes à la pharmacie ou au laboratoire. L’arrêté du 3 décembre 2020 prévoit que l’examen peut être réalisé à domicile avec une tarification spécifique prévue par l’Assurance Maladie.
Ce mode de consultation facilite encore plus l’accès au test pour les personnes ayant des difficultés pour se déplacer. C’est le cas par exemple des femmes en fin de grossesse ou des jeunes mères souffrant du syndrome post-partum.
L’accès à la téléconsultation
La téléconsultation ou consultation à distance d’un patient est accessible aux sages-femmes. Ce dispositif, très utilisé pendant les différents confinements, continue d’être utile pour éviter les cas de contaminations au Covid-19. La faculté d’y avoir recours figure dans la convention nationale des sages-femmes depuis le 5 mars 2022. Cette évolution s’inscrit dans la lignée du Ségur de la santé et du dispositif engagé depuis 2018 « Ma santé 2022 ».
La décision de pratiquer des actes de télésanté ou non relève d’une décision partagée entre la patiente et la sage-femme. L’Assurance Maladie prend en charge les téléconsultations à 100% à titre dérogatoire jusqu’au 31 juillet 2022. A la différence de l’intervention à domicile, aucun frais de déplacement ne pourra être facturé à la patiente
La sage-femme ne peut proposer la téléconsultation qu’aux patientes déjà connues. Par exemple, une femme enceinte devra avoir rencontré la sage-femme avant la fin du 1er trimestre de grossesse. De même, pour les séances de préparation à la naissance et à la parentalité.
Une femme enceinte souhaitant une consultation pour une interruption volontaire de grossesse (IVG) peut exceptionnellement se faire sans connaissance préalable de la patiente. C’est aussi le cas des femmes souhaitant certains bilans de grossesse, un renouvellement de contraceptif ou une contraception d’urgence.
Des accouchements aux vaccins anti-covid, en passant par la téléconsultation, les sages-femmes prennent une place de plus en plus importante dans les missions de santé publique. Elles réalisent chaque jour des actes parfois méconnus du grand public. Actives dans le dépistage précoce des cancers féminins, elles sont notamment habilitées à réaliser des actes de gynécologie comme les frottis vaginaux. Elles participent également à la politique nationale de lutte contre l’endométriose. Elles jouent enfin un rôle crucial dans le mouvement des « 1000 premiers jours » déployé par le ministère de la santé publique. Ces héroïnes du quotidien n’ont pas fini de nous surprendre !