Comment prévenir efficacement les troubles musculosquelettiques dans le BTP ?

Comment prévenir efficacement les troubles musculosquelettiques dans le BTP ?

Les troubles musculosquelettiques (TMS) représentent la première cause de maladies professionnelles en France dans le secteur du BTP (bâtiment et travaux publics). Cette maladie désigne un ensemble d’affections touchant les articulations, les muscles et les tendons.

Les TMS peuvent entraîner, sur le long terme, des pathologies très lourdes, d’où la nécessité de prendre très au sérieux ce fléau. Comment prévenir efficacement les TMS dans le BTP ? Vous le saurez juste après avoir lu ce qui suit. 

Les troubles musculosquelettiques dans le BTP : une prévention nécessaire 

Quelles sont les caractéristiques des TMS ? 

La particularité des TMS est que cette pathologie concerne plusieurs zones du corps humain : 

  • articulations (coudes, épaules, rachis, poignets, genoux) ;  
  • tendons et gaines tendineuses ;
  • muscles ;
  • nerfs ; 
  • bourses séreuses ; 
  • vaisseaux sanguins ; 
  • colonne vertébrale, etc.

Selon Santé Publique France, les TMS sont à l’origine des 86% des maladies à caractère professionnel dans le secteur du BTP.

Les professionnels intervenant dans le secteur du BTP sont donc particulièrement exposés aux risques de TMS. Le BTP désigne le secteur économique regroupant les activités de conception et de construction des bâtiments publics et privés, industriels ou non et des infrastructures telles que les routes ou les canalisations.

Comment se manifestent les TMS ?

Afin de prévenir les TMS, il est important de comprendre d’abord ses formes de manifestations. 

Cette pathologie se manifeste progressivement suivant 3 niveaux :

  1. Les douleurs apparaissent lors d’une activité et s’apaisent au moment du repos. 
  2. Les troubles surviennent plus rapidement pendant une activité et mettent plus de temps à s’apaiser au repos.
  3. La lourdeur des membres, les douleurs, le rhumatisme, etc., deviennent chroniques et persistent lors des activités ou au repos.

Les maladies qu’entraînent les TMS touchent notamment les membres supérieurs, à savoir entre autres :

  • syndrome de la coiffe des rotateurs au niveau de l’épaule ;
  • épicondylite et épitrochléite au coude ;
  • syndrome du canal carpien ou au syndrome de la loge de Guyon touchant le poignet ; 
  • tendinite affectant les mains ;
  • affections neurovasculaires telles que le syndrome du marteau hypothénar ;
  • affections discales et musculaires comme les lombalgies, les maux de dos.

Quelle est l’incidence des TMS sur le monde professionnel ?

Les troubles musculosquelettiques sont susceptibles de causer des douleurs aux collaborateurs, voire de les invalider (handicap).

Du point de vue des entreprises, les TMS sont également à l’origine de difficultés majeures. 

Selon la caisse nationale d’assurance maladie, les dépenses directes liées aux TMS pour les entreprises en France à travers les cotisations AT/MP (accidents du travail et maladies professionnelles) s’élèvent à 2 milliards d’euros.

Dans le même temps, ils sont à l’origine d’un nombre considérable d’arrêts de travail de longue durée : 300 jours en moyenne pour une affection de l’épaule et 319 jours pour une pathologie chronique du rachis lombaire. 

Ces données témoignent de la nécessité pour les entreprises et leurs collaborateurs de mutualiser leurs efforts afin de prévenir les troubles musculosquelettiques.

Comment prévenir les facteurs de risque des TMS ?

Pour prévenir efficacement les troubles musculosquelettiques, les entreprises du bâtiment et des travaux publics doivent évaluer les facteurs de risque liés au travail. L’origine de ces troubles est multifactorielle et est entre autres liée aux mauvaises postures, aux gestes répétitifs, au soulèvement des charges lourdes, etc. 

La répétition des gestes au travail

Les affections musculaires et articulaires peuvent survenir des suites de gestes répétés. Les professionnels du BTP y sont quotidiennement astreints à travers l’installation des parpaings, la peinture des murs, l’utilisation des pelles, etc. Les articulations (poignets, coudes, épaules) sont constamment sollicitées. 

L’adoption de postures contraignantes

Certaines amplitudes et positions prolongées comme le travail à genoux, le fait de tordre le buste ou de rester assis pendant longtemps dans un bureau peuvent être à l’origine des troubles musculosquelettiques. 

La manutention d’objets lourds

Les TMS peuvent être également engendrés par la manutention manuelle de matériaux et le soulèvement ou le tirage d’objets très lourds. 

Les vibrations

L’utilisation d’outils vibrants ainsi que la conduite d’objets émettant des vibrations peuvent être à l’origine des TMS.

Facteurs aggravants 

Les facteurs ci-dessus énumérés, encore appelés facteurs biomécaniques, peuvent être aggravés par des facteurs : 

  • environnementaux (froid, chocs, pressions mécaniques) ;
  • organisationnels (liés aux contraintes et du travail) ;
  • psychosociaux (monotonie au travail, insatisfaction, pression, etc.).

Prévenir les TMS dans le BTP : quelles sont les bonnes résolutions à prendre ?

Pour lutter contre les troubles musculosquelettiques, le Code du travail a énoncé des principes généraux dont les organisations peuvent s’inspirer afin d’éviter individuellement et collectivement les facteurs de risque. 

Prévenir les TMS dans le BTP individuellement 

L’employeur d’une entreprise de BTP doit veiller à ce que ses collaborateurs : 

  • évitent d’adopter des postures contraignantes sur de longues durées ; 
  • limitent les contorsions et mouvements répétés pendant longtemps sans marquer de pause pour s’étirer ;
  • pratiquent une activité sportive pour lutter contre les TMS (exercices de musculation, souplesse articulaire…). 

Aussi, l’employeur peut proposer des entretiens individuels avec un kinésithérapeute, professionnel de santé expert des postures et des mouvements, pour permettre d’identifier des risques de TMS et proposer des conseils personnalisés en fonction du poste du collaborateur.

Prévenir les TMS dans le BTP de façon collective 

Il est également de la responsabilité des entreprises de préserver la santé et le bien-être de leurs collaborateurs. Cela commence par un diagnostic des risques (via le DUERP, document unique d’évaluation des risques professionnels) qui va permettre d’identifier et de maîtriser les facteurs de risque. 

Il sera ensuite possible de combattre les TMS en réorganisant les postes de travail et en mettant en place des ateliers ou des formations pour ses collaborateurs. 

Pour cela, l’employeur peut organiser l’intervention d’un kinésithérapeute lors d’une conférence ouverte à tous les collaborateurs au sein de l’entreprise. Cette intervention sera l’occasion de :

  • reprendre la définition des Troubles Musculo-squelettiques
  • présenter les facteurs de risque en fonction du métier exercé
  • donner des conseils de bonne posture au travail

Enfin, il est important de mettre en place une politique d’évaluation des mesures mises en œuvre afin de juger de leur efficacité et de les réadapter au besoin.

En outre, les actions collectives en vue de prévenir les TMS dans une entreprise peuvent concerner concrètement :

  • l’amélioration des conditions de travail, l’organisation du chantier (convoyage en série), l’instauration de petites pauses collectives de récupération ; 
  • la rotation des tâches, la remise à niveau de la formation des collaborateurs ;
  • l’adaptation des outils de travail : poignets de préhensions ergonomiques, roues amovibles dotées d’un système de freinage.

Prévenir les risques de TMS dans le BTP est indispensable pour préserver la santé de ses collaborateurs. Qui plus est, cette démarche s’inscrit dans une politique de préservation de la santé et du bien-être de ses collaborateurs. Ces valeurs sont aujourd’hui indispensables pour être en conformité avec le droit du travail et pérenniser votre activité.