Qui peut mieux exprimer les pensées d’une personne bipolaire qu’une personne bipolaire elle-même ? Afin de mieux comprendre ce que peuvent ressentir les personnes qui sont atteintes de troubles bipolaires et les idées reçues dont elles sont victimes, libheros a demandé à Marina, 31 ans, de témoigner sur son histoire.
Mon histoire
Je m’appelle Marina, j’ai 31 ans et je tiens le site internet et la page facebook maviebipolaire.
J’ai été diagnostiquée bipolaire en 2015. Cette maladie est plus connue sous le nom de troubles maniaco-dépressifs.
Lorsque mon psychiatre m’a annoncé le diagnostic, j’étais contente de pouvoir mettre un nom sur la maladie après des années à être considérée comme dépressive. Puis j’ai fait un déni car je n’acceptais pas d’avoir un trouble mental. Je ne voulais pas être considérée comme une « folle ». Il m’a fallu un an pour accepter d’être suivie par toute une équipe de soignants : psychiatres, psychologues, infirmiers psychiatriques.
L’opinion de mes proches
En rentrant chez moi, je l’ai aussitôt annoncé à mon conjoint. Sur le moment, il n’a pas réagi. Puis il a fini par me dire que je me comportais comme une personne malade à la suite du verdict. Qu’avant j’étais « normale » et que je devais arrêter d’en parler. Il était lui aussi dans le déni. Puis, au fil des années, la maladie a évoluée et il a été obligé de me dire de me faire suivre par un psychiatre car la situation n’était plus vivable à la maison.
Chez moi, les maladies mentales étaient des sujets tabous, et parler de bipolarité avec mes parents était compliqué à cause de leur manque d’informations sur le sujet ; mais ils m’ont soutenu lorsque je leur ai expliqué ce que cela signifiait.
J’ai alors choisi de me battre en entreprenant une reconnaissance auprès de la MDPH (Maison Départementale pour Personnes Handicapées) afin de montrer et informer mon entourage que les troubles bipolaires sont un handicap mental qui pèse sur le quotidien du malade (incapacité de travail totale ou partielle pour beaucoup, hyperactivité, co-morbidité, etc.).
Depuis, ma famille et mon conjoint ont connaissance de ce qu’est la bipolarité.
Ce que les autres en pensent
Beaucoup de gens également atteints de troubles bipolaires me témoignent leur sentiment de solitude et d’incompréhension qui pèse sur d’eux.
Ils se sentent jugés, critiqués. Il en ressort également que les remarques en général sont que le malade bipolaire est fainéant, qu’il est fou et bon à être interné dans un asile. Que ce sont des rebus de la société, des bombes à retardement. Les parents bipolaires sont considérés comme de mauvais parents du fait de leur handicap et beaucoup se voient confrontés aux services sociaux. On dit que les bipolaires mènent aussi une vie de dépravé, trompent leur femme ou leur mari, se droguent ou sont alcooliques. Certaines personnes bipolaires ont réellement un ou plusieurs de ces problèmes ; mais beaucoup d’autres personnes dites « normales » les ont aussi et pourtant ne seront jamais pointées du doigt car elles ne sont pas bipolaires. Il ne faut pas faire de généralités !
Les personnes atteintes de troubles bipolaires portent une étiquette qui nuit à leur quotidien en plus de leur handicap. Les gens ont peur de ce qu’ils ne connaissent pas soit parce qu’ils n’ont jamais eu à faire à un trouble mental soit par manque d’informations.
Aujourd’hui, j’encourage vivement les gens confrontés à la bipolarité, qu’ils soient malades ou membres de l’entourage d’un malade, à s’informer et à en parler afin que la bipolarité ne soit plus un sujet tabou.
Merci beaucoup à Marina pour ce témoignage !
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